Réception des travaux de restauration de la Cathédrale Sainte-Marie Sainte-Réparate

Mis à jour le 25/02/2015

Samedi 21 février 2015

« Nous n’en serions pas là, si nous avions dû faire avec l’argent qui vient dans la corbeille de la quête ». J’ai cité mot à mot le Révérend Père Michel ANGELLA, Administrateur de la Cathédrale. Oui, ce sont des deniers publics, ceux qui portent l’effigie de César -modernisons : de l’État républicain-, qui ont permis cette réalisation remarquable. Le Conseil général des Alpes-Maritimes avait bien commencé, en restaurant la façade. L’État a quant à lui conduit et financé les trois tranches de la restauration intérieure. L’État propriétaire a donc assumé pleinement sa responsabilité, quelles que soient les difficultés du contexte budgétaire actuel, et j’en remercie chaleureusement le directeur régional des affaires culturelles, M. Denis LOUCHE, et le conservateur régional des monuments historiques, M. Robert JOURDAN, ainsi que tous leurs collaborateurs. Cette réalité m’inspire une réflexion sur ce qu’est notre laïcité française, qui voit l’Etat propriétaire des cathédrales, et les communes des églises construites avant 1905. C’est dire à quel point la loi du 9 décembre 1905, complétée d’ailleurs par des textes ultérieurs, fut une loi d’équilibre et de compromis, assumant toute une histoire qui ne fut ni rectiligne ni paisible, mais emplie de bruits, de fureurs, et parfois d’affrontements violents. La laïcité, qui est désormais l’un de nos principes fondamentaux reconnus par les lois de la République et une exigence à valeur constitutionnelle, est souple et bien vivante : notre laïcité, en 2015, ne se vit sans doute pas exactement comme en 1905 -n’oublions pas à quel point les passions antagonistes demeuraient vives à cette époque. Cette laïcité a su s’approfondir et s’adapter à l’évolution de notre histoire et de notre sociologie. Mais, comme hier, la laïcité est émancipatrice, respectueuse des consciences, et porteuse de paix civile. Je reviens à notre Cathédrale Sainte-Réparate, qui comme toutes les cathédrales est un monument inachevé. Les bâtisseurs n’en finissent jamais, et lèguent à leurs successeurs leur savoir-faire et leur passion. Il appartient désormais à l'Etat de leur donner les moyens de restaurer et d’inventer, tout en s’assurant que l’esprit de la construction et la fidélité à son histoire seront respectés et mis en valeur dans les règles de l’art. On sait ainsi, par exemple, ce que l’art baroque dans notre département doit au XIXème siècle. Je ne citerai pas en l’occurrence tous les bâtisseurs de ce début de XXIème siècle. Je remercierai seulement, en les englobant tous dans cet hommage, l’Architecte en chef des Monuments historiques Pierre-Antoine GATIER, celui qui a relevé dans sa première splendeur la Cathédrale Saint-Michel de Rikitéa dans l’archipel des Gambier en Polynésie française, et qui se mérite aujourd’hui un nouveau rayon de gloire. Pour la seconde fois, Monseigneur, après la restauration et l’agrandissement de 1900, la République a affermi votre cathèdre. Je forme des vœux pour la mission spirituelle qui vous est ici confiée. Cette cathédrale restaurée est ouverte à tous, sans considération d’origine ou de croyance. Chacun s’y sentira accueilli et respecté, et comme chez lui. Tous pourront communier dans l’admiration de la beauté et dans la gratitude à l’égard de toutes celles et ceux à qui nous devons ce monument tel qu’il est. Laissons à présent s’élever le plus universel des langages. Place à la musique. A la musique baroque ! Adolphe COLRAT Préfet des Alpes-Maritimes