Cérémonie d'hommage aux policiers Morts pour la France

Mis à jour le 22/05/2015

Message du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve

Il y a soixante-dix ans, jour pour jour, les Alliés triomphaient définitivement de l'horreur nazie. Ainsi prenait fin sur le sol européen le deuxième conflit mondial.

Nous voici aujourd'hui rassemblés pour rendre hommage à tous ceux qui se sont alors battus pour la cause de la liberté et ont fait en sorte de rendre cette victoire possible.

Dans cette guerre, la France a pris sa part de combats et de souffrances. Si elle a pu finalement se tenir aux côtés des vainqueurs, c'est grâce au patriotisme et au sacrifice des Français libres et des combattants de l'ombre, ces Français par excellence qui, refusant l'humiliation de la défaite, participèrent au combat commun contre le nazisme.

Lorsqu'il lança, le 18 juin 1940, son appel à la Résistance, le général de Gaulle avait bien conscience des obstacles que lui et ses compagnons allaient devoir franchir pour que la France retrouvât sa liberté, son honneur et son indépendance. A Londres, dans le dénuement de juin 1940, « je m'apparaissais à moi-même, écrivit-il bien plus tard, seul et démuni de tout, comme un homme au bord d'un océan qu'il prétendrait franchir à la nage ». Cette aventure s'est pourtant conclue, au prix d'immenses sacrifices et avec le concours décisif de nos alliés, par la Libération de notre pays et la victoire de la démocratie.

Cette aventure fut aussi celle de tous ces hommes et ces femmes, de tous âges, de toutes conditions et de toutes origines, de Métropole et d'outre-mer, qui s'engagèrent corps et âme au sein des Forces Françaises Libres ou bien dans les mouvements de Résistance intérieure. Malraux dit un jour fort justement que la Résistance avait vécu grâce à « la complicité de la France ». Il s'empressa alors d'ajouter : « Pas de toute la France ? Non. De celle qui a suffi. » N'oublions jamais la dette que nous avons contractée à l'égard des résistants. Sur les champs de bataille comme dans les caves de la Gestapo, le sang que ces héros ont versé pour la patrie a fait notre liberté.

De nombreux policiers et agents du ministère de l'Intérieur ont fait partie de cette France « qui a suffi ». L'Histoire se souvient ainsi du soulèvement des policiers de la Préfecture de police, le 19 août 1944, et du rôle déterminant qu'ils jouèrent dans la Libération de la capitale. 167 d'entre eux ont sacrifié leur vie dans ce combat héroïque. Mais c'est partout en France que demeure le souvenir des policiers morts pour la patrie. Leurs noms sont gravés dans la pierre des monuments devant lesquels nous nous recueillons aujourd'hui.Souvenons-nous d'eux avec gratitude et respect. Ce trésor de patriotisme et de dévouement, nous devons désormais le transmettre aux jeunes générations pour que jamais la chaîne de la mémoire ne soit interrompue.

Nous devons également nous inspirer de l'exemple de ces hommes et de ces femmes. Vous êtes vous-mêmes les gardiens de la République, protégeant nos concitoyens contre toutes les menaces, au quotidien comme face à des circonstances exceptionnelles. Vous accomplissez ainsi une noble mission, une mission essentielle. Une mission difficile aussi, je le sais. La violence contre laquelle vous vous dressez vous oblige à faire preuve de courage et de dévouement.

Au cours des derniers mois, plusieurs de vos collègues ont ainsi perdu la vie en accomplissant leur devoir. Ils étaient onze valeureux en 2014. Quatre depuis le début de cette année. La Nation leur sera éternellement reconnaissante de leur sacrifice. Nos pensées vont à leurs proches et les accompagnent dans la douleur du deuil.

En janvier, des terroristes ont frappé notre pays. Lors de ces journées tragiques, trois représentants des forces de l'ordre ont perdu la vie alors qu'ils accomplissaient leur mission de protection des Français. Nos compatriotes ne s'y sont pas trompés. Ils sont descendus par millions dans les rues pour manifester leur indéfectible attachement aux valeurs de notre République. A cette occasion ils n'ont pas manqué de vous rendre l'hommage que vous méritez.

A chacun d'entre vous, en cette journée de recueillement patriotique, je veux exprimer ma confiance. Par ma voix, c'est la France tout entière qui vous témoigne sa reconnaissance. En défendant nos libertés, vous assumez l'héritage des Héros de la Résistance.

Vive la République !

Vive la France !